Guido, le roman d'un immigrant - Rita Amabili-Rivet
Montreal: Hurtubise HMH, 2004. 350
pp.
Avec ce roman
historique, Rita Amabili-Rivet, une écrivaine québécoise d’origine italienne,
rend hommage à son père et à tous les immigrants, conviant chacun à la tolérance
et à l’ouverture aux autres cultures. Guido
est aussi une invitation à la notion de fidélité tant à nos racines qu’aux
personnes qui ont contribuées à bâtir notre présent.
Guido, est l’histoire des ancêtres de l’auteure, en particulier de son père
(Rita Amabili est née à Montréal en 1954 de Guido Amabili et Eva Lefort). Le
livre illustre le pouvoir de l’amour conjugal et familial permettant de
surmonter l’injustice et la douleur physique ou émotionnelle. Cet amour
provient de la voix narratrice indiquant l’affinité de la romancière pour ses
personnages - quelques uns d’entre eux étant des personnes qu’elle a connues
durant son enfance au Québec; d’autres sortant de son imagination pour décrire
la période en Italie.
Le livre débute
avec la naissance de Guido en Italie, en 1912 et se termine par sa mort dans le
Canada d’aujourd’hui. Guido immigre à Montréal en 1925 à l’âge de treize ans.
Ses familles immédiates et élargies sont constituées de fermiers gagnant un
maigre salaire dans la région centrale des Marche. Dans cette Italie rurale, la
première moitié du roman expose de façon détaillée les relations des hommes,
des femmes et des enfants à la terre, rappelant les uvres de Zola et Ringuet.
À l’âge de cinq ans, Guido sait déjà s’occuper du potager sans supervision. Les
protagonistes expérimentent une routine quotidienne de travail intense dont
dépend leur survie.
Rita Amabili
tente de demeurer fidèle aux événements historiques, décrivant en détail les
effets de la Grande Guerre sur les paysans italiens dont plusieurs sont forcés
de rejoindre l’armée. Quand l’histoire se transporte au Québec, l’auteure
décrit minutieusement les difficultés socio-économiques des francophones du
Canada entre les deux guerres et le racisme que les immigrants Italiens rencontrent
à leur arrivée.
Guido parle de bâtir des ponts entre Italiens, Canadiens, Canado-Italiens et
Québécois; il parle d’établir un dialogue entre les générations présentes,
passées et futures. Avant la mort de Guido, Rita Amabili reprend le leitmotiv
du livre : « Mon enfant te perpétuera » (p.326). Dans le
prologue, la fille de Guido met l’emphase sur l’importance des racines
« pour un arbre comme pour les êtres humains », notion qu’elle a
transmise à ses propres enfants. Vincent, le petit-fils de Guido et le fils de
l’auteur, dit à propos de l’arbre que Guido a planté dans la cour arrière de sa
maison : « Un arbre que mon grand-père a planté de ses mains dans la
terre de son pays d’adoption, pour lui faire prendre de nouvelles racines en se
gardant d’oublier celles qu’il avait déjà et qui partaient de sa sève » p.
14. Il est important d’apprécier notre héritage mais également d’établir de
nouvelles racines et de bâtir sur elles : « Des racines entremêlées,
il n’y a rien de plus fort » p.14. Pour rehausser une dernière fois le
dialogue interculturel et intergénérationnel, l’auteure ajoute à la fin de son
livre, une lettre en version originale italienne et traduite en français, d’un cousin italien retrouvé tandis qu’elle
faisait ses recherches.
Guido est une contribution importante à la littérature du Québec, du Canada et
également aux uvres provenant des minorités ethniques. Le livre de Rita
Amabili- Rivet est un apport important aux événements socio-historiques qui ont
mené à la migration de l’Italie durant l’entre-deux-guerres. Ainsi, Guido pose un regard rafraîchissant sur
l’immigration, se distinguant des autres uvres sur le sujet qui ont tendance à
se situer après la Seconde Guerre.
Mieux connue
comme auteure de livres jeunesse et de poésies, Rita Amabili a mis dix ans à
compléter son travail. La longue bibliographie inclue à la fin du livre,
atteste des nombreuses recherches menées par l’écrivaine. Guido, le roman d’un immigrant est donc un travail bien écrit et
bénéficiant d’une solide recherche qui plaira également au grand public. Cette
uvre est un outil académique remarquable. Nous ne pouvons qu’espérer qu’une
traduction sera bientôt disponible.
Traduit de
l’anglais par Teresa Amabili
Première
publication en anglais dans Canadian Ethnic Studies Journal, Vol. XXXVII,
No. 2, 2005, pages 129-130.
http://www.ss.ucalgary.ca/ces/JournalDatabase/CESDataFiles/CESJ_Bookreviews/CESv37no02AmabiliRivet.htm